jeudi 20 décembre 2007

PV : vers une privatisation de la justice ?

Le 20 heures de France 2 du 18 décembre a évoqué l’affaire : un projet réformant la gestion des procès-verbaux relatifs au stationnement est à l’étude.

L’idée générale est de confier, non plus à des agents municipaux, mais à des prestataires privés, la verbalisation des automobilistes pour certaines catégories d’infractions. Ces prestataires seraient néanmoins recrutés par la mairie, qui percevrait toujours le montant des amendes.

Ce même montant serait en outre laissé à la discrétion de chaque mairie (au lieu de 11 euros actuellement pour un défaut de paiement). Les municipalités pourraient ainsi en profiter pour reflouer leurs caisses. Un conseiller municipal parisien propose, par exemple, de fixer le montant à une vingtaine d’euros, valeur, selon lui, plus dissuasive.

Cette proposition soulève quelques problèmes. On peut d’abord s’interroger sur l’aspect financier d’une telle opération. Le remplacement des agents publics par des prestations privées est à la mode, soi-disant pour réduire les dépenses de l’État (ou, en l’occurrence, des collectivités locales). Mais une telle démarche coûte nécessairement plus cher : plutôt que de payer au Smic un agent, il faudra désormais payer au prestataire une somme, nécessairement supérieure, lui permettant à son tour de payer l’agent et de dégager un léger bénéfice. Ce surcoût sera, on l’aura compris, assumé par l’automobiliste via l’augmentation des amendes.

Mais, surtout, vers quelles dérives une telle décision de confier à un prestataire privé la condamnation de certaines infractions peut-elle nous mener ? Ce problème a déjà été évoqué lors de la remise du rapport Olivennes, selon lequel une "autorité indépendante" devrait pouvoir prendre des mesures de rétorsion envers un internaute fraudeur. Quelle confiance peut-on accorder à un tel prestataire ? De quels recours disposeront les usagers ? Ou bien doit-on désormais parler de clients ?

La question enfin est d’autant plus préoccupante qu’il est question d’offrir une commission aux agents verbalisateurs. Certains ne seraient-ils pas alors tentés d’inventer des infractions (ne serait-ce qu’en ayant une montre pas tout à fait à l’heure) pour arrondir leurs fins de mois ?

mercredi 19 décembre 2007

Soleil invaincu et Vieux Barbu

Bon, s’il y a bien une info qui n’a échappé à personne, c’est que c’est bientôt Noël. C’est l’occasion de se pencher de plus près sur l’histoire de cette fête, des cultes pré-chrétiens au fameux Père Noël trop rouge pour être honnête...

Sol Invictus

On n’a évidemment que très peu d’éléments historiques concernant les célébrations du début de l’hiver au cours de la préhistoire. Cepdendant, le solstice d’hiver est d’une grande importance pour les sociétés agricoles : le 21 décembre est le jour le plus court de l’année. Petit à petit, depuis la fin juin, la nuit et les ténèbres ont pris le pas sur le Soleil. Mais ce dernier, invaincu, se réveille alors et reprend du poil de la bête. Désormais, les jours rallongeront, et c’est la nuit qui se fait plus discrete. La nature va reprendre ses droits, le sol va redevenir fertile et les récoltes vont suivre.

Un peu plus tard, apparût la fête du Sol Invictus ("soleil invaincu" donc), version romaine de cette tradition. On fêtait Sol Invictus le 25 décembre, jour du solstice d’hiver. Oui, le 25 et non pas le 21. Les calendriers étaient assez imprécis en ce temps-là...

Les Celtes aussi fêtaient la renaissance du Soleil. Eux avaient, entre autres, l’étrange idée des décorer des sapins (des épicéas en fait) pour l’occasion. Quelle étrange coutume... Mais autres temps, autres moeurs.

Les Saturnales

Dans l’Antiquité romaine, outre Sol Invictus, on fêtait les Saturnales dans la période du 17 au 24 décembre. Pendant cette période qui célébrait le dieu Saturne (l’équivalent du Grec Cronos), on fêtait l’abondance, l’unité et l’égalité entre les Hommes. Ainsi, les esclaves étaient au cours de ces quelques journées en quelque sorte affranchis et libres d’agir à leur guise. On n’y faisait pas la guerre, tout occupé que l’on était à se goinfrer. On dit même que pendant cette période d’abondance retrouvée, les gens s’offraient des cadeaux... Société d’hyper-consommation, quand tu nous tiens...

Il est né, le divin enfant...

On raconte qu’un certain mois de décembre, il y a un peu plus de 2000 ans, un enfant est né. Bon, il y en a eu d’autres, mais celui-ci semble avoir eu une importance capitale dans l’Histoire. Il faut dire que c’est quand même le fils de Dieu pour certains. Pour d’autres, il n’a même pas existé.

Lorsque le Christianisme est devenu religion officielle pendant le règne de Constantin, il a bien fallu faire disparaître les cultes païens. Le pouvoir religieux s’est aperçu que la naissance du Christ, vers la toute fin de l’année, était l’occasion idéale pour occulter ce fameux Sol Invictus. On ne connaît bien entendu pas la date exacte de la naissance de Jésus, les actes de naissance étant ce qu’ils étaient à l’époque. Et on a déjà parlé des imprécisions calendaires. Quoi qu’il en soit, la chose était dite, le 25 décembre on célèbrerait désormais la naissance de Jésus.

Et les cadeaux alors ?

Noël, c’est aussi bien entendu la période des cadeaux. Et de celui qui les apporte, le Père Noël. Enfin, si on a été sage, bien entendu.

On connaît bien Saint Nicolas, mais de nombreux personnages dans l’Histoire ont rempli le même rôle de distributeur de cadeaux dans les cultes païens : Gargan chez les Celtes, Thor chez les Vikings, ... Aux débuts de l’ère chrétienne, de nombreux autres saints ont fait concurrence à Nicolas : Saint Martin, les Rois Mages, Jésus lui-même à une époque ! Mais finalement, c’est Saint Nicolas qui finit par s’imposer et fait encore partie des coutumes de certains pays.

Le Père Noël, lui, apparut au XIXè siècle aux États-Unis, avant de revenir en Europe. C’est une version en grande partie déchristianisée de Saint-Nicolas. Quant à sa tenue rouge, la légende dit qu’elle a été inventée par Coca-Cola, préférant un Père Noël aux couleurs de l’entreprise plutôt que vêtu de ses traditionnels habits verts.

En fait, c’est en partie vrai seulement. Au départ, la couleur de sa tenue n’est pas clairement définie, d’autant que les images de l’époque étaient en noir et blanc. Lorsque les Pères Noël en couleur apparaissent, ils sont tantôt bleus, tantôt verts, tantôt rouges. Bien entendu, Coca-Cola préfère cette dernière version et dans les publicités de la firme, c’est un personnage bedonnant et vêtu de rouge qui distribue les cadeaux. Étant donné l’impact de ces publicités, c’est cette image qui s’est imposée et désormais le Père Noël est indissociable de ces représentations.

Noël, fête religieuse ou fête commerciale ?

On dit souvent que Noël est une fête religieuse qui a perdu son sens avec le déclin du christianisme et qui a été récupérée par les marchands de tout poil. On serait passé d’un culte du Christ à un culte de la Consommation. Certes, les chrétiens sont de plus en plus rares dans nos pays et l’occasion des fêtes de fin d’année est idéale pour les commerçants, et les publicités nous le rappellent en permanence : Noël, c’est le moment pour dépenser son argent !

Mais finalement, la réalité est plus complexe que cela. Les cadeaux associés aux fêtes du solstice d’hiver sont vieux comme l’Histoire (au moins 3000 ans pour les Celtes par exemple). Quoi qu’il en soit, ils sont désormais une fin en soi et ne sont plus vraiment liés à la renaissance de la Nature ou à la naissance du Christ.

Quant à ceux qui refusent les sapins de Noël dans les lieux publics au nom de la séparation des Églises et de l’État, ils se trompent de cible. Nous l’avons vu, en effet, le sapin est un symbole païen. Symbole qui n’a d’ailleurs été accepté par l’Église que très récemment...


jeudi 6 décembre 2007

Service obligatoire pour Bernard Laporte

Dans un entretien accordé aux Dernières nouvelles d’Alsace, Bernard Laporte propose l’instauration d’un service civique à caractère obligatoire. Le Secrétaire d’État préconise un service de cent heures, pour tous les jeunes de 18 à 25 ans, afin de "mobiliser les énergies [de ces jeunes] pour les clubs et les associations".

Il reprend là une idée, le caractère obligatoire, qui était défendue par les deux principaux candidats lors des dernières présidentielles, bien qu’une bonne partie de la majorité actuelle soit plutôt favorable à un service volontaire. Un tel service a en effet été mis en place par la loi du 30 mars 2006, dite "pour l’égalité des chances", loi qui mettait également en place le fameux CPE. N’oublions pas non plus que c’est Jacques Chirac qui avait supprimé le service militaire obligatoire, contre l’avis d’une partie de l’opposition, au PS notamment.

On peut s’interroger à plusieurs titres sur une telle proposition. Certes, 100 heures, ce n’est pas énorme, à peine trois semaines à temps plein, l’équivalent d’un job de vacances en gros. Mais, justement, ce n’est un secret pour personne, les jeunes ont énormément de difficulté à trouver une situation professionelle stable. Après être passés par plusieurs stages mal rémunérés (voire pas du tout), des jobs d’été et un boulot à temps partiel leur permettant à peine de financer leurs études, il leur faudrait maintenant consacrer trois semaines au service de la collectivité. Et pour quelle contrepartie ? Pour "un certain nombre de facilités fiscales", sans plus de détail. Gageons que les principaux concernés apprécieront.

On peut également se demander si c’est bien là le rôle d’un Secrétaire d’État aux sports. Si le service civil est effectivement une idée à creuser, et si l’on peut penser que le pays manque de bénévoles, il n’y a pas de raison de considérer en priorité les clubs et associations sportives. Le secteur social, la santé ou l’environnement semblent bien plus prioritaires. Et ces domaines-là ne sont pas du ressort de Bernard Laporte.

Enfin, si la France manque de "bénévoles" (bien que le terme semble usurpé lorsqu’il concerne une personne qui travaille contre son gré), pourquoi ne pas les recruter par exemple parmi les citoyens condamnées à des peines de prison ? Cela permettrait de régler du même coup le problème de la surpopulation carcérale...

Présentation

Bonjour,

Ce blog est un bazar sans nom. D'ailleurs, j'ai eu les plus grandes peines du monde à lui trouver un nom. Il s'agit d'un endroit où je souhaite mettre des textes que j'écris sur des sujets divers et variés. Bon, donc il ne faut ni s'attendre à une grande cohérence, ni à une publication régulière. Vous voilà prévenus.